Chaud vs froid – Grand vs Petit
En règle générale, lorsqu’il fait chaud, il vaut mieux être petit, et lorsqu’il fait froid, il vaut mieux être gros. Il vaut mieux être un ours polaire qu’une souris en hiver, mais en été il vaut mieux être une souris. Le cheval est légèrement différent car il peut supporter l’hiver sibérien, et la chaleur du désert. Il est gros, ce qui l’avantage en hiver car le ratio entre la surface de la peau et le poids est faible (environ 1m² pour 100kgs contre 1m² pour 40kgs chez les humains), la chaleur se perd donc lentement. Lorsque les fortes chaleurs arrivent, le cheval devrait être désavantagé à cause de sa taille (car les gros animaux perdent la chaleur lentement, justement), mais il dispose de deux adaptations qui lui permettent de les supporter.
Tout d’abord, il peut tolérer une température corporelle bien plus élevée que nous. Après l’exercice, une température corporelle (rectale) de 41°C pour un cheval, bien qu’élevée, ne présente pas vraiment un risque pour la santé, alors que chez l’humain, une température pareille pose un sérieux problème. L’autre avantage du cheval est qu’il est capable de transpirer plus rapidement que n’importe quel animal. Chez le cheval, 1 cm² de peau peut produire de la transpiration environ 3 fois plus rapidement qu’un cm² de peau humaine. Le seul risque lorsqu’on compte sur la transpiration pour rester frais est que plus l’environnement est humide, moins cette dernière est efficace.
La transpiration rafraîchit la peau, et par conséquent le sang qui circule à travers celle-ci, par évaporation. Dans un environnement chaud et sec la transpiration s’évapore très rapidement, mais dès que le taux d’humidité augmente, la vitesse à laquelle la transpiration s’évapore baisse en conséquence. Lorsque l’air est saturé d’humidité (à 100%) la transpiration ne s’évapore pas. Heureusement en France et au Royaume Uni, de telles conditions sont rares voire inexistantes.
Transpiration et Déshydratation
L’un des risques que présente la faculté de beaucoup transpirer est que les chevaux risquent la déshydratation. La déshydratation peut augmenter le risque de certains problèmes de santé, tels que coliques ou problèmes respiratoires. S’il y a moins d’eau dans le corps, les composantes alimentaires se trouvant dans le tractus gastro intestinal deviennent plus dures et bougent plus lentement dans les intestins. A cause de la déshydratation, le mucus dans les voies respiratoires des poumons devient plus épais, conduisant à une plus grande accumulation d’allergènes, ou même de bactéries et virus. Ceci peut conduire à une inflammation ou une infection.
Une transpiration accrue signifie également une perte d’électrolytes plus importante ; La transpiration des chevaux contient 11g d’électrolytes par litre et est nettement plus concentrée que la transpiration humaine. Sur une période de plusieurs semaines, cette perte peut conduire à une carence ou un déséquilibre en électrolytes (selon ce que les chevaux reçoivent par le biais de leur alimentation, vu qu’ils ne sont pas en mesure de produire les électrolytes) et un risqué plus importants de rencontrer des problèmes tels que : baisse des performances, coup de sang (rhabdomyolyse d’effort) et « hoquets » (battements diaphragmatiques synchrones); Ce dernier est le plus fréquent chez les chevaux d’endurance, mais peut aussi arriver aux chevaux de course ou de complet.
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S’acclimater à la chaleur
De longues périodes de chaleur présentent un risque moins élevé pour les la santé des chevaux que de brusques changements climatiques. Par exemple, une soudaine augmentation de la température une semaine avant Badmington a posé problème aux chevaux sur le cross ces dernières années.
La raison est que les chevaux ne sont tout simplement pas habitués ou « acclimatés » à la chaleur. Les chevaux, tout comme les humains, peuvent s’acclimater à la chaleur en vivant sous un climat plus chaud, ou en y vivant et en s’y exerçant. Les bénéfices de la vie sous un climat plus chaud se limitent cependant à peut-être 10-20% des bénéfices induits par le fait de vivre ET de s’exercer dans un environnement plus chaud. Le processus d’acclimatation à la chaleur (si un cheval est soudainement emmené d’un climat frais à un climat plus chaud) se fait en 2-3 semaines environ si le cheval est exercé tous les jours. Les chevaux risquent cependant de ne pas s’acclimater correctement au temps chaud si en été les entraînements ont lieu durant les moments frais de la journée (tôt le matin ou en fin de journée) mais que le cheval sort en compétition le weekend, aux périodes les plus chaudes de la journée. Si on veut pouvoir faire des concours par forte chaleur, il faut s’entraîner aux moments chauds de la journée pour au moins maintenir le niveau, et réduire au mieux les risques de problèmes de santé liés à la chaleur.
Problèmes liés à la chaleur
Nous avons déjà mentionné le fait que les chevaux courent le risque d’être déshydratés par temps chaud. Les chevaux vont aussi transpirer plus, et de tous les électrolytes, c’est le sodium (du sel ordinaire) qui risque d’être contraignant car les fourrages et concentrés contiennent naturellement peu de sel, mais beaucoup de potassium. C’est une bonne initiative de mettre une pierre à sel à disposition, mais des études ont démontré que la majorité des chevaux ne sont pas capables de répondre correctement à leurs besoins en sodium par le biais d’une pierre à sel.
Il est plus efficace d’ajouter du sel de table à la ration. Un guide général serait de 0,5 à 1 dose de 25ml par jour pour les chevaux au repos, 1 à 2 doses pour les chevaux au travail léger à moyen et 2-3 doses par jour pour les chevaux en travail intense.
Les besoins en eau peuvent augmenter de manière significative par temps chaud, il est donc primordial de mettre à disposition au moins deux récipients de 15 litres et de les vérifier deux fois par jour. S’il fait très chaud durant la journée, votre cheval se trouvera peut-être mieux en stabulation aux heures les plus chaudes de la journée et dehors matin et soir ou pour la nuit. Il fait en général plus frais dans les stabulations en briques que dans celles en bois. Dans certains cas il peut être plus facile de limiter les irritations causées par les mouches à l’intérieur (par exemple en aspergeant les murs de produit anti mouches).
De fortes chaleurs peuvent aussi gâter les aliments plus rapidement que la normale, plus spécialement les aliments contenant beaucoup de matière grasse. La chaleur fait se dégrader l’huile (oxydation) plus rapidement, ce qui peut conduire les chevaux à bouder leur ration. La chaleur dégradera aussi plus rapidement les vitamines des aliments et compléments alimentaires. Par temps chaud, un autre problème se présente également : la quantité d’énergie que les chevaux doivent utiliser, même au repos, pour contrôler leur température corporelle (thermorégulation) est bien plus importante, ce qui peut causer une perte d’état lors de fortes chaleurs.
La chaleur peut également réduire la capacité d’exercice des chevaux et ils peuvent se fatiguer plus rapidement que d’habitude lors d’entraînements ou compétition. Les grands/gros modèles (chevaux de dressage ou de CSO par exemple), les races lourdes et chevaux en surpoids présentent un risque plus élevés de rencontrer des problèmes liés à la chaleur par temps chaud, plus particulièrement s’ils sont à l’entraînement ou en compétition. Les journées chaudes vont généralement de pair avec une baisse de la qualité de l’air et les niveaux de polluants peuvent augmenter. Ceci peut poser problème pour les chevaux souffrant de maladies respiratoires chroniques, plus particulièrement les obstructions récurrentes des voies respiratoires (RAO). Pour soutenir les chevaux au niveau respiratoire, vous trouverez le Pure + Respiratory ici
Les chevaux ayant des parties de peau rose, plus particulièrement sur la tête, peuvent attraper des coups de soleil, donc utilisez une bonne protection solaire de niveau 50 ou un masque pour réduire le risque de photo sensibilisation. A retenir également, tout ce qui est noir absorbe la chaleur et chauffe plus que tout ce qui est blanc.
Les signes qui montrent que votre cheval souffre de la chaleur sont les suivants :
- Léthargie
- Essoufflement
- Dilatation des naseaux
- Augmentation de la température rectale
- Baisse de l’appétit et de la soif
- Urine foncée
- Moins d’urine
- Baisse des performances
- Muqueuses foncées
- Spasmes musculaires
- Spasmes du diaphragme
- Arythmie cardiaque
- Temps de récupération plus long
Tout ceci relève souvent de l’épuisement par la chaleur, mais si ce n’est pas géré correctement, peut déboucher rapidement sur un coup de chaleur, qui peut conduire à une ataxie ou un effondrement.
SI VOUS PENSEZ QUE VOTRE CHEVAL PUISSE ETRE EN TRAIN DE SOUFFRIR D’UN COUP DE CHALEUR IL EST PRIMORDIAL DE DEMANDER CONSEIL A VOTRE VETERINAIRE LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE.
Un coup de chaleur peut conduire à une insuffisance rénale, myopathie (dommages musculaires), fourbure, insuffisance hépatique et peut être fatal s’il n’est pas traité rapidement.
Si votre cheval présente les symptômes d’un épuisement par la chaleur voire coup de chaleur, mettez le à l’ombre et rafraîchissez le en versant de l’eau froide dessus, en grandes quantités, sur tout le corps. Utilisez un tuyau si vous en avez un à disposition, et si possible de la glace pour refroidir l’eau. Si le cheval est en coup de chaleur/épuisement il vous faudra sûrement le rafraîchir en continu pendant 10-15 mn avant de voir une amélioration. Passer le couteau de chaleur est contre productif, le plus important est de verser de l’eau froide en continu. Vous risquez beaucoup moins de lui faire de mal en l’arrosant que s’il ne refroidit pas. S’il y a de l’ombre à proximité et que le cheval tient sur ses pieds, emmenez-le à l’ombre en même temps que vous le rafraîchissez.
Comment aider votre cheval par temps chaud
Vous pouvez commencer par tondre votre cheval. Le garder au box aux heures les plus chaudes et le sortir le soir peut être une option si vos écuries sont en brique et bien ventilées. Si vous ne sortez pas en compétition par temps chaud monter tôt le matin ou tard le soir réduira les risques d’épuisement par la chaleur.
Si vous transportez des chevaux, évitez non seulement la chaleur de la journée mais aussi le trafic en partant tôt le matin ou tard le soir. La ventilation étant meilleure en mouvement, la pire chose à faire est de rester dans les embouteillages par temps chaud.
Lors de l’entraînement ou des compétitions, proposez de l’eau immédiatement après l’exercice, car c’est le moment où les chevaux ont le plus soif. Evitez l’eau glacée mais laissez les boire à volonté. Cela ne cause pas de colique chez les chevaux en bonne santé. Si vous êtes en compétition, laissez de l’eau à disposition dans l’écurie jusqu’au moment où vous commencez à le préparer. Si vous avez détendu, n’hésitez pas à doucher votre cheval et à lui proposer à boire avant d’entrer en piste. En lui donnant des électrolytes tous les jours, vous maintiendrez l’hydratation de votre cheval et réduirez le risque de coup de sang, colique et maladie respiratoire.
Si vous devez concourir par forte chaleur, vous devez vous entraîner 3-4 fois par semaine aux heures chaudes de la journée. Rappelez-vous que même si votre cheval est “acclimaté” à la chaleur, il ne sera pas en mesure d’atteindre le même niveau de performance que s’il faisait plus frais.
Les chevaux ayant de la peau rose, plus particulièrement sur le nez, peuvent facilement attraper des coups de soleil donc utilisez un masque anti UV ou de la crème solaire.
En résumé
La chaleur peut poser problème aux chevaux, surtout s’ils sortent en concours, sont vieux, en surpoids ou ont déjà des problèmes de santé. Une gestion adaptée par temps chaud peut aider à réduire le risque de problèmes causés par la chaleur. Les chevaux peuvent s’acclimater à la chaleur mais seulement s’ils sont entraînés par temps chaud. Lorsque les chevaux sont acclimatés, ils courront moins de risques avec la chaleur mais leur capacité d’exercice restera moindre par rapport à leur capacité d’exercice par temps plus frais. Apprendre à identifier d’épuisement par la chaleur, refroidir le cheval sans attendre et savoir appeler le vétérinaire lorsque c’est nécessaire peut sauver des vies.